L’humour est un signe d’espoir

Drs Ed Hoffman et David Fessell

Source : Madelyn Blair

J’ai récemment interviewé[1] deux professionnels qui ont trouvé une place réelle pour l’humour dans le cadre du travail. Les docteurs David Fessell, ancien professeur de radiologie musculo-squelettique à l’université du Michigan, et Ed Hoffman, PDG de Knowledge Strategies et ancien CKO de la NASA, ont passé une heure avec moi à parler de l’humour et du jeu sur le lieu de travail.

Humour et affaires

La discussion a commencé avec Ed qui a parlé d’un cadre supérieur de la NASA qui a ouvert une réunion avec un crayon dans le nez. Une manière simple d’apporter de l’humour, de la légèreté et de l’humanité dans une réunion très sérieuse. Non seulement cela n’a pas détourné l’attention du sérieux de la réunion et de son sujet, mais cela a même permis d’approfondir la discussion. Les participants étant plus détendus, les idées se sont multipliées – tout cela grâce à un simple moment de rire.

David recommande aux dirigeants de rire d’eux-mêmes s’ils veulent introduire le rire et l’humour dans le milieu professionnel. Le fait de rire de quelque chose qui peut être drôle signifie que le rire est autorisé. À titre d’exemple, il a raconté l’histoire remarquable du Dalaï Lama qui prononçait un discours. Il a dit qu’il avait trois choses à dire et a commencé à parler de deux d’entre elles. Il s’est alors arrêté et a dit à l’auditoire : « J’ai oublié la troisième chose ». Au bout d’un moment, il a dit : « Embarras. Embarras. Embarras. » Puis il s’est mis à rire – pas un gloussement. C’était un rire profond qui a duré si longtemps et si profondément que des larmes ont coulé sur son visage. Lorsqu’il a enfin repris son souffle, ses yeux se sont éclairés et il a dit : « Je me souviens du troisième point ». Puis il a terminé son discours.

Quels étaient ses trois points ? Le souvenir le plus fort est celui de cette auguste personne trouvant de l’humour dans une situation embarrassante – et la nommant ! Il s’agissait certainement d’une situation embarrassante et d’un moment de réelle vulnérabilité. Il a choisi de rire de lui-même – si fort que le public s’est mis à rire et à rire, la joie de ce moment imprégnant le public et le Dalaï Lama. Et personne n’a perdu la face.

J’ai trouvé que c’était un merveilleux exemple de la façon dont, si nous prenons le temps de voir l’humour dans les choses, l’embarras peut se transformer en joie. La tension peut se transformer en pensée créative.

Humour et mariage

En écoutant ces deux professionnels parler de la façon dont l’humour peut donner le ton ou désamorcer une situation, je me suis mise à penser au mariage. Il y a tant de moments où un désaccord survient, ne serait-ce que parce que vous et votre partenaire vivez dans une proximité étroite et parfois constante. Et si, lorsque cela se produit, vous vous arrêtiez et pensiez à l’humour. Un bon rire désamorcerait-il la tension ? Cela ouvrirait-il d’autres possibilités de résolution ? En réfléchissant à ces questions, j’ai pensé à mon propre mariage.

Mon mari et moi sommes mariés depuis très longtemps, et pourtant notre relation semble continuer à se développer, même aujourd’hui, après tant d’années. Bien sûr, nous nous aimons, mais nous rions aussi beaucoup. Lorsque les choses deviennent tendues, l’un d’entre nous change de voix et prend l’apparence de son personnage préféré dans un livre. Nous nous lisons des livres à haute voix, et nous avons donc de nombreux personnages que nous aimons tous les deux – par exemple, Sam Gamgee dans l’œuvre de Tolkien. Nous pourrions utiliser une phrase typique qui serait, dans le cas de Sam, « Si vous me comprenez ». Cette petite phrase amusante suscite un rire et ouvre la conversation.

Tout comme le Dalaï Lama, en nommant le sentiment, a dissipé sa déception et la confusion de l’auditoire qui avait oublié son troisième point, un simple passage à l’inattendu mais familier aide mon mari et moi à maintenir une excellente relation qui se développe encore mieux.

Remarquez que dans les deux cas, l’humour était gentil. L’humour grinçant ne crée pas de détente à partir d’une inquiétude ou d’une tension. En écrivant ces lignes, je me rends compte que c’est l’une des raisons pour lesquelles certains humoristes me font rire jusqu’à en pleurer et d’autres me rebutent presque immédiatement. Si je veux être diverti, je veux aussi être traité avec gentillesse.

L’humour est-il un signe ou un générateur d’espoir ?

Source : jonathan borba/Unsplash

Alors que nous mettions fin à la conversation, David a déclaré : « L’humour est un signe d’espoir ». Lorsque nous pouvons rire, cela signifie que nous voyons qu’il y a un avenir. Lorsque je regarde le nombre de suicides et de personnes déprimées dans ce pays, je me rappelle que nous prenons rarement le temps de voir l’humour dans notre discours public. Il n’y a pas de quoi rire après une fusillade de masse, mais il peut y avoir de quoi rire lorsqu’un politicien se contente de dire ce qu’il a à dire au lieu de répondre aux questions ou qu’il ment face à des faits évidents. Se moquer d’eux permettrait-il de désamorcer non seulement la tension, mais aussi leur pouvoir ?

David a également suggéré qu’une bonne stratégie consiste à créer un club de l’humour où l’on partage des situations humoristiques, des blagues entendues ou des moments où le rire a brisé la glace. De cette façon, nous pouvons devenir plus conscients du rôle de l’humour dans nos vies et commencer à les reconnaître lorsqu’ils se produisent. Pour moi, ces moments sont presque toujours des vidéos amusantes sur Twitter où l’on voit un chat protéger un enfant d’une escalade dangereuse, un chien qui se laisse toiletter par un chat ou une mère qui calme une crise de colère en envoyant de la crème fouettée dans la bouche de son enfant en train de miauler. Lorsque je regarde, ce sont des moments où les rires fusent.

Les enfants sont doués pour cela. Ils trouvent beaucoup de choses drôles et lorsqu’ils rient, nous avons tendance à rire avec eux. Imaginez si plus de gens pouvaient rire à gorge déployée.