Pourquoi les femmes ne dénoncent-elles pas immédiatement les agressions sexuelles ?

Source : Matthew Baxter : Matthew Baxter, utilisé avec l’autorisation de l’auteur

Dans le sillage du reboot de Sex and the City, Chris Noth, alias « Mr. Big », a été assailli par des allégations d’agression sexuelle. Dans ce contexte, l’acteur a été licencié par son agence artistique et renvoyé de son rôle dans « The Equalizer ». Une publicité dans laquelle il apparaissait a également été retirée après que les accusations ont été rapportées.

Selon la source originale, une autre actrice a déclaré que Noth l’avait violée en 2004, tandis qu’une autre femme a déclaré qu’il l’avait agressée en 2015 à la suite d’un rendez-vous. Une troisième femme s’est depuis exprimée sur ses expériences avec lui, affirmant qu’ il l’avait agressée sexuellement en 2010 dans un restaurant où elle travaillait en tant qu’hôtesse et chanteuse de salon.

Noth a nié toutes ces allégations. En réponse, il a déclaré

Les accusations portées contre moi par des personnes que j’ai rencontrées il y a des années, voire des décennies, sont catégoriquement fausses. Ces histoires auraient pu se dérouler il y a 30 ans ou 30 jours – non signifie toujours non – c’est une limite que je n’ai pas franchie. Les rencontres étaient consensuelles. Il est difficile de ne pas s’interroger sur le moment choisi pour publier ces histoires. Je ne sais pas avec certitude pourquoi elles font surface maintenant, mais je sais ceci : Je n’ai pas agressé ces femmes.

Certains fans ont fait écho à l’observation de Noth, demandant que si ces affirmations étaient vraies, « pourquoi ces femmes n’ont-elles pas dit quelque chose plus tôt ? ».

Ne pas signaler immédiatement une agression sexuelle est un phénomène courant. Dans les cas du comédien Bill Cosby et du magnat d’Hollywood Harvey Weinstein, il a fallu des décennies avant que leurs victimes ne se manifestent.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les femmes ne dénoncent pas le harcèlement et l’agression sexuels sur les lieux ou au moment de l’incident ou des incidents. Les femmes ont souvent trop peur ou trop honte pour signaler ce qu’elles ont vécu. D’un point de vue psychologique, ces expériences peuvent entraîner une confusion et un choc, conduisant souvent à un syndrome de stress post-traumatique. Ce type de traumatisme peut être intériorisé en tant que mécanisme d’adaptation et il faut du temps pour comprendre ce qui s’est passé. Mais parfois, des événements déclencheurs font resurgir ces souvenirs. L’une des femmes qui a accusé Noth a déclaré que « le fait de voir qu’il reprenait son rôle dans Sex and the City a déclenché quelque chose en moi ».

Certaines femmes ne se manifestent pas par peur des réactions hostiles du public, comme le montre la situation actuelle, dans laquelle les fans se sont ralliés à Noth. Dans les cas d’agression sexuelle, c’est ironiquement la victime qui fait l’objet d’un examen minutieux. Lorsqu’une femme se lève pour accuser un homme, elle est qualifiée de « salope » ou on dit qu' »elle l’a bien cherché ». Le harcèlement et l’agression sexuels sont souvent niés et, dans de nombreux cas, la victime est accusée de mentir, d’avoir de faux souvenirs, de rechercher la célébrité ou de courir après son argent.

Les femmes peuvent hésiter à dénoncer une agression sexuelle par crainte de représailles. Les abus sont souvent le fait d’hommes en position de pouvoir, de leurs patrons et de leurs collègues plus anciens, et le fait de les dénoncer peut entraîner un nouveau harcèlement, la rétrogradation de la victime, voire son licenciement.

Une étude a montré que seule une femme sur cinq dénonce le harcèlement sexuel. Parmi elles, 80 % ont constaté que rien n’avait changé, tandis que 16 % ont déclaré que le harcèlement s’était aggravé. Les agresseurs intimident souvent la victime par la violence si elle ose parler, ou la menacent de ruiner sa réputation ou sa carrière.

Un autre refrain courant est que les rapports d’agression sexuelle « traînent son nom dans la boue » et « portent atteinte à la réputation d’un homme ». On peut faire valoir que si l’homme est effectivement coupable, il a porté atteinte à sa propre réputation. En général, c’est la femme qui est blâmée et c’est sa réputation qui est entachée parce qu’elle a dénoncé l’agression.

Le fait de ne pas signaler un incident au moment où il s’est produit n’est pas une preuve de culpabilité.

Le mouvement « Me Too » a incité de nombreuses victimes à se manifester et le nombre fait la force. Mais au fil du temps, de nombreux survivants ont été réduits au silence par leurs agresseurs et par ceux qui encouragent ce comportement. Malheureusement, il y a beaucoup de personnes dont les histoires d’agression sexuelle ne seront jamais racontées.

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