La motivation de l’homme pour donner un sens à sa vie

Lorsqu’on m’a diagnostiqué un cancer en 2009, j’ai découvert l’immense influence que l’attribution d’un sens à cette maladie aurait sur ma guérison et ma capacité à y faire face. J’étais totalement responsable d’encadrer mon parcours d’une manière qui m’offrirait les meilleures chances de survie.

Quelques jours après avoir reçu le diagnostic, alors que je prenais un café avec une amie, j’ai déclaré que je pouvais mourir, tu sais. Sa réponse a fait jaillir une étincelle et m’a permis de me concentrer sur un point précis. Eh bien, m’a-t-elle dit, tu as une énorme responsabilité, n’est-ce pas ? Le mot a résonné dans mon cerveau : R-E-S-P-O-N-S-B-I-L-I-T-Y. À ce moment-là, j’avais un objectif à atteindre et un obstacle à surmonter.

J’ai passé l’été 1996 à Vienne. J’ai été immédiatement frappé par la contribution de la ville autrichienne à la psychologie, avec ses trois écoles viennoises de psychothérapie, chacune portant le nom de son fondateur : Sigmund Freud, Alfred Adler et Viktor Frankl. Chacun d’entre eux avait une idée très différente de ce qu’est notre motivation fondamentale. Freud pensait qu’il s’agissait d’une volonté de plaisir, Adler, d’une volonté de puissance et Frankl, d’une volonté de sens. Des trois, c’est le sens qui a le plus grand effet d’ancrage et qui procure un sentiment de force illimité. Nous sommes responsables de sa création. Il est sous notre contrôle. Il dure. Et en lui, le plaisir, le pouvoir et la liberté abondent.

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Gouttes d’eau sur la fenêtre
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Le mot « sens » date de 1300, dérivé du mot « meninge », sens, ce que l’on veut exprimer. Il vient du substantif mean, sens de la signification.

Quelle valeur voulons-nous attribuer lorsque la vie nous confronte à des épreuves ? La question est de savoir ce que nous voulons tirer de cette expérience. Normalement, nous donnons aux valeurs une priorité dans notre vie et nous les considérons comme justes ou fausses, bonnes ou mauvaises. La volonté de sens s’intéresse aux déclarations sur les valeurs en tant que faits et non aux jugements sur les valeurs elles-mêmes, ce qui constitue une différence cruciale.

Notre objectif est de donner un sens à la situation et, ce faisant, de retrouver notre pouvoir. La logothérapie enseigne qu’il n’y a pas d’aspects tragiques de la vie qui ne puissent être transformés, par la position que l’on adopte face à eux, en un accomplissement. L’homme est responsable de sa façon de souffrir. Ainsi, la logothérapie nous rend responsables de la manière dont nous percevons l’expérience. La réalité est littéralement modifiée.

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Frankl parle non pas d’un mécanisme d’adaptation mais d’une maxime d’adaptation. Il s’agit d’une vérité et d’une règle à adopter par celui qui supporte la souffrance. « C’est en quelque sorte un mécanisme d’adaptation, mais une maxime d’adaptation que j’ai adoptée, que j’ai fait mienne, à ce moment-là », déclare Frankl. Il s’agissait d’un principe qui devait être incarné. Dans son application, la transcendance se produit et la souffrance est en quelque sorte neutralisée. Elle est remise à sa place. La liberté en découle.

Victor Frankl considère que notre capacité à répondre à la vie et à être responsable de la vie est un facteur majeur pour trouver un sens et un épanouissement. En fait, il considérait la responsabilité comme « l’essence de l’existence ». Il pensait que les êtres humains n’étaient pas simplement le produit de l’hérédité et de l’environnement, mais qu’ils avaient la capacité de prendre des décisions et d’assumer la responsabilité de leur propre vie. Frankl déclare : « Ce qui compte, ce n’est pas ce qui se cache dans les profondeurs, mais ce qui attend dans l’avenir, qui attend d’être actualisé par vous…. »

Lorsque mon amie et moi avons déjeuné ensemble peu de temps après avoir été diagnostiquées, ce fut un tournant. Une détermination farouche s’est emparée de moi. Je n’étais plus la fille atteinte d’un cancer, j’étais la femme en mission. Et cela a fait toute la différence. J’ai été en quelque sorte ramenée à mon centre. Et j’ai été libérée.