La pratique de la distanciation sociale a été vantée comme étant efficace pour atténuer la propagation de l’infection par le coronavirus. Toutefois, sa promotion et son application s’accompagnent souvent d’un message visant à susciter une peur ou une méfiance infondée à l’égard d’autrui en surestimant la menace que représente le contact humain. Par exemple, le site web officiel d’un État décrit le risque actuel de contact humain au point de l’assimiler à un homicide potentiel.
Pour comprendre pourquoi le risque lié au contact humain a tendance à être gonflé, nous pouvons calculer le risque de contact physique individuel entre une personne porteuse du virus et une autre non porteuse dans un comté en utilisant les données sur les virus confirmés dans le comté. Un comté du nord-ouest du Pacifique a une population totale de 382 067 habitants, dont la moitié réside dans deux villes adjacentes. Le bureau de santé publique a signalé un total de 36 tests positifs dans le comté (12 avril 2020).
Cette analyse utilise le théorème de Bayes (par exemple, Howell, 2010) pour calculer la probabilité d’une rencontre en tête-à-tête où une personne est porteuse du virus et l’autre non.
- La probabilité préalable hypothétique de rencontrer une personne porteuse du virus est de 36/382067 =0,000094 ou 9,4 personnes pour 100 000 habitants.
- La probabilité hypothétique de rencontrer une personne non-virale est de (382067-36)/382067= 0,9999.
- La probabilité postérieure hypothétique de la rencontre entre le transporteur et le non-porteur est : (0,000094) (0,9999) / ((0,000094) (0,9999) + (0,9999) (0,9999)) = 0,000094.
Interprétation : Si vous êtes une personne en bonne santé, le risque de rencontrer une personne porteuse du virus à l’extérieur est d’environ 1/10 000 dans le comté.
Trois facteurs peuvent également être pris en compte :
Tout d’abord, certaines personnes asymptomatiques ne sont pas comptabilisées dans les cas confirmés. Par conséquent, le nombre actuel de cas peut ne pas inclure toutes les personnes infectées. Deuxièmement, il est peu probable que la plupart des personnes infectées se promènent dans la rue ou fassent leurs courses. Il est donc encore moins probable de les rencontrer. Troisièmement (mise à jour), le CDC a dissipé une certaine confusion concernant la notion de « contact étroit », c’est-à-dire le fait de se trouver à moins d’un mètre d’une personne infectée par le COVID-19 pendant au moins 15 minutes ou plus. En d’autres termes, il ne suffit pas d’interagir avec une personne infectée pour contracter l’infection. L’interaction doit durer au moins 15 minutes. Pour la majorité des personnes qui se promènent dans la rue ou qui font leurs courses, le contact avec des inconnus sera bien inférieur à cette durée. Par conséquent, il est encore plus improbable que des individus soient infectés par de simples interactions avec d’autres personnes, dont la plupart ne sont pas porteuses du virus.
En résumé, cette analyse montre que, bien que la distanciation sociale et le verrouillage soient essentiels pour ralentir la propagation du virus, il ne faut pas exagérer la probabilité d’être infecté par le virus lors d’une rencontre interpersonnelle.
Références
Howell, D. C. (2010). Statistical methods for psychology (7e édition). Belmont, CA : Thomson Wadsworth