Points clés
- Les traits antisociaux peuvent jouer un rôle dans l’évaluation du risque des jeunes enfants.
- Les traits sadiques chez les jeunes enfants peuvent servir de signaux d’alarme pour prédire un comportement inadapté.
- L’impulsivité peut accroître le risque d’actes antisociaux chez l’enfant.
Lorsque nous parlons d’individus dangereux, nous imaginons rarement de jeunes enfants ; pourtant, c’est le cas de certains d’entre eux. Des chercheurs ont mis en évidence des traits de caractère dangereux chez les jeunes enfants, que tout le monde devrait prendre en compte dans la pratique.
En tant que procureur de carrière, j’ai passé des années à travailler au tribunal pour enfants, où les affaires impliquaient parfois des suspects âgés d’à peine 8 ans, dont certains avaient commis des actes de violence graves. Des cas de jeunes enfants dangereux ont été recensés dans le monde entier. Selon la presse, le plus jeune tueur en série du monde aurait tué trois personnes, la première alors qu’il n’avait que 7 ans[i].
Au Japon, la « fille A », âgée de 11 ans, a tué un camarade à l’école à l’aide d’un cutter, avant de retourner calmement dans sa propre classe, couverte de sang[ii]. Si ces exemples sont rares, ils illustrent une préoccupation plus large à laquelle les parents, les forces de l’ordre et les professionnels de la santé mentale sont confrontés depuis des années : les très jeunes enfants peuvent être dangereux.
Jusqu’à quel point est-on trop jeune ?
Outre les diagnostics formels fondés sur les critères diagnostiques du DSM-V et les rapports des établissements médicaux décrivant les types de troubles qu’ils rencontrent le plus souvent[iii], les chercheurs ont cherché à déterminer comment identifier et évaluer les jeunes enfants qui présentent un risque de préjudice pour autrui.
Paul Tiffin et Carole Kaplan ont exploré les facteurs de risque présentés par les jeunes dans un article intitulé « Dangerous Children : Assessment and Management of Risk »[iv]. Ils commencent par reconnaître que les travailleurs de la santé infantile voient de plus en plus de jeunes présenter des comportements qui posent un risque potentiel ou réel pour la sécurité d’autrui. Entre autres observations, en discutant de l’intersection entre les traits de personnalité et l’évaluation du risque, Tiffin et Kaplan notent que les traits antisociaux peuvent être identifiés lors d’un entretien, ou par d’autres personnes de l’entourage de l’enfant. En particulier, ils notent que les traits sadiques chez les enfants sont parfois mis en évidence par des comportements antérieurs, tels que la cruauté envers d’autres enfants ou envers des animaux. Ils soulignent que la cruauté envers les animaux en particulier est considérée comme associée à un mauvais pronostic dans le trouble des conduites.
Tiffin et Kaplan observent également que les traits impulsifs peuvent accroître le risque d’actes antisociaux chez un enfant, expliquant que ces enfants agissent sans réfléchir aux conséquences.
Aborder et gérer l’agressivité chez les jeunes enfants
Les professionnels de l’évaluation des menaces et les chercheurs continuent de se concentrer sur l’élaboration d’instruments d’évaluation des risques pour identifier les jeunes potentiellement violents[v], tandis que les cliniciens, les professionnels de la santé et les parents proposent quelques suggestions pratiques. Les questions de santé mentale compliquent l’analyse, mais les interventions comportementales suggérées peuvent être utilisées en combinaison avec un traitement pharmaceutique ou thérapeutique.
Modélisation du comportement. Les enfants écoutent ce que nous disons, mais ils imitent ce que nous faisons. Montrer des méthodes sereines et productives pour gérer la frustration et l’anxiété est une façon de montrer l’exemple en cas de conflit. De la même manière que les adultes gèrent les désaccords, les conversations calmes sont beaucoup plus efficaces que les explosions émotionnelles ou les accusations.
Parler au bon moment. De nombreux parents sont conscients du pouvoir de la communication, même avec de très jeunes enfants. Mais comme pour les désaccords entre adultes, le moment est important : la communication la plus efficace a lieu une fois que les esprits se sont calmés. Résistez à l’envie de tenter de persuader dans le feu de l’action. La création d’un environnement paisible et calme est propice à une conversation productive qui peut également permettre aux parents de mieux comprendre les problèmes rencontrés par leurs enfants.
Récompenser le bon comportement. Cette incitation évidente est souvent oubliée lorsque les parents se concentrent, à juste titre, sur l’atténuation des dommages immédiats causés par les explosions de colère d’un enfant. Récompenser un comportement positif est une méthode intentionnelle et stratégique qui permet d’équilibrer la motivation et l’instruction.
Contacter les bons professionnels. Si un enfant présente un comportement dangereux inadapté à son âge, les parents doivent demander l’aide d’un expert en la matière. Les conseillers d’enfants ou les professionnels de la santé qui ont une expérience spécifique des enfants dangereux peuvent offrir des services et des conseils spécialement conçus pour résoudre certains des problèmes posés par ce type de comportement.
Les parents qui sont confrontés à ces difficultés ne sont pas seuls. Heureusement, il existe de l’aide pour cultiver des relations familiales saines, sûres et aimantes.
ImageFacebook: Lena Ogurtsova/Shutterstock
Références
[i] https://www.newindianexpress.com/nation/2022/jul/23/8-year-old-boy-from…
[ii] https://talkmurder.com/nevada-tan/.
[iii] Voir, par exemple, https://www.childrenshospital.org/conditions/disruptive-behavior-disord….
[iv] Tiffin, Paul, et Carole Kaplan. 2004. « Enfants dangereux : Assessment and Management of Risk ». Santé mentale de l’enfant et de l’adolescent 9 (2) : 56–64. doi:10.1111/j.1475-3588.2004.00082.x.
[v] Voir, par exemple, Tiffin, Paul A., Charlotte E. W. Kitchen, et Steven Weir. 2015. « Innovations in Practice : Piloting a New Child and Adolescent Risk Assessment Suite in the UK ». Santé mentale de l’enfant et de l’adolescent 20 (4) : 225–29. doi:10.1111/camh.12110.