Si vous vous sentez plus névrosé que d’habitude en ce moment, c’est normal.

Les chercheurs qui étudient les « Big Five« , traits de personnalité, ont constaté que des changements rapides de personnalité se sont produits au plus fort de la pandémie(Sutin et al., 2022).

Voici les « cinq grands » traits de personnalité qui attirent tant l’attention des chercheurs :

Leneuroticisme: Ce trait est lié à notre expérience des émotions telles que l’anxiété, le stress, la colère et d’autres sentiments négatifs. Plus notre niveau de neuroticisme est élevé, plus nous avons tendance à nous inquiéter et plus nous nous sentons stressés.

Conscience professionnelle: Il s’agit de notre capacité à agir de manière responsable, à remplir nos devoirs envers nous-mêmes et envers les autres, et à honorer nos engagements à travailler pour atteindre nos objectifs et répondre à nos attentes. Plus notre niveau de conscience professionnelle est élevé, plus nous faisons preuve d’autodiscipline et d’efforts pour atteindre nos objectifs.

Extraversion: Il s’agit de notre envie de passer du temps avec d’autres personnes et de notre tendance à nous sentir stimulés, et non pas épuisés, par la présence d’autres personnes. Les personnes ayant une forte tendance à l’extraversion sont orientées vers l’action, s’affirment et sont grégaires. Plus notre tendance à l’extraversion est élevée, plus nous avons de facilité à gérer les situations sociales.

L’agréabilité: L’humanité a prospéré grâce à notre tendance à l’agréabilité ; ce trait fait référence à notre désir d’harmonie, à notre volonté de faire confiance aux autres et à notre tendance à nous entendre avec les autres. Plus notre score est faible, plus nous avons tendance à faire passer notre intérêt personnel avant l’intérêt général.

Ouverture : Ce trait, l’ouverture à l’expérience, décrit la créativité, la curiosité, l’appréciation des émotions et de l’imagination d‘une personne, ainsi que son intérêt pour une variété d’expériences. Ce trait de caractère trouve idéalement un équilibre sûr entre la fermeture d’esprit dogmatique et la prise de risque excessivement expansive.

Des changements culturels sismiques ont entraîné des changements de personnalité majeurs presque du jour au lendemain.

Selon l’étude de Sutin et al. (2022), il s’avère que ce sont les jeunes adultes qui ont subi le plus de changements dans leurs traits de personnalité au cours de la période pré et post-pandémique. Leur processus normal de développement a été perturbé et nos mondes se sont rétrécis à mesure que les mesures de verrouillage devenaient plus strictes et plus omniprésentes.

Le travail à domicile nous empêche d’interagir librement avec les autres ; les écoles, y compris les universités, ont adopté des classes en ligne où l’engagement est beaucoup plus formel, et le badinage amical avant et après les cours a disparu du jour au lendemain, isolant encore plus les étudiants les uns des autres.

Outre l’isolement que nous avons ressenti dans nos maisons, nous avons également été témoins de bouleversements sociaux et de divisions politiques sans précédent dans la vie de nombreuses personnes. Nous sommes tous entrés dans la pandémie en nous rappelant que « nous sommes tous dans le même bateau », mais à la fin des bouclages, l’humeur générale avait évolué vers un état d’esprit « Moi contre Eux », le clivage politique brisant la communication alors que la létalité de la pandémie variait d’une ethnie à l’autre.

Le névrosisme augmente et le caractère consciencieux diminue

Les jeunes adultes ont montré une augmentation significative de leur niveau de neuroticisme, ce qui se traduit par des niveaux plus élevés d’inquiétude, de stress et d’anxiété en général. Lorsque les gens font face à un stress plus important, ils peuvent se tourner vers des méthodes d’adaptation risquées qui sabotent leur santé et conduisent à des résultats moins bons en matière de santé mentale.

Le caractère consciencieux a diminué, ce qui se traduit par l’irresponsabilité, la diminution de l’autodiscipline et une plus grande désorganisation. Les résultats de cette constatation se traduisent par les difficultés rencontrées par les personnes pour terminer leurs études et leur travail à temps, pour assumer leurs responsabilités familiales et pour résoudre leurs problèmes relationnels. À long terme, si ces problèmes ne sont pas résolus, ils peuvent entraîner une baisse du niveau d’éducation et de la réussite professionnelle. Les risques de maladies chroniques augmentent également si les mauvais choix de comportement ne sont pas corrigés. Cela se traduit également par un risque accru de démence et par un décès plus précoce.

Des changements ont également été observés au niveau de l’agréabilité, qui se traduit par une plus grande probabilité de problèmes de confiance dans les relations ; de l’extraversion, qui peut conduire à des difficultés dans la gestion des situations sociales et des réseaux professionnels ; et de l’ouverture, qui reflète une créativité limitée pouvant compromettre la résolution de problèmes et conduire à une hésitation à explorer de nouveaux environnements et de nouvelles opportunités.

Il est clair que nos personnalités sont mutables, mais comment ces changements notés peuvent-ils affecter la société à long terme ?

Quel est le pronostic ?

En général, la personnalité commence à se stabiliser vers l’âge de 30 ans et les changements qui surviennent ensuite sont relativement limités. Cependant, les gens et les personnalités sont résistants, et l’histoire montre que nous avons tous tendance à devenir moins névrosés, plus agréables, plus ouverts et plus consciencieux à mesure que nous vieillissons. Bien que la pandémie ait inversé cette tendance, on espère que les gens « s’adapteront au programme » et que le développement reprendra sa progression normale au fil du temps.

Voici quelques conseils qui pourraient s’avérer utiles dans l’intervalle :

1. Se rapprocher d’une autre personne dans le cadre d’une relation saine – nous devenons moins névrosés lorsque nous sommes engagés dans des relations intimes satisfaisantes.
2. Trouvez un travail qui vous plaît – nous sommes plus consciencieux lorsque nous aimons le travail que nous faisons.
3. Nous apprenons également à être plus confiants lorsque nous prenons des risques et apprenons à faire confiance aux autres.
4. Exposez-vous à des situations inédites – nous devenons plus créatifs lorsque nous nous plaçons dans un environnement inhabituel ou que nous nous mettons au défi d’essayer de nouvelles choses.
5. Pour la plupart d’entre nous, notre tendance à l’extraversion ou à l’introversion reste assez stable au cours de la vie, mais en vous mettant au défi de saluer les autres et d’engager la conversation avec eux, vous pourrez peut-être augmenter votre niveau d’extraversion – ou du moins devenir plus à l’aise dans les interactions sociales.