Points clés
- L’emplacement précis de la représentation des organes génitaux de la femme humaine est controversé.
- Une étude récente a établi une cartographie fonctionnelle du champ génital féminin chez 20 femmes adultes à l’aide de l’IRMf.
- L’épaisseur des zones sensorielles corticales génitales cartographiées individuellement varie en fonction de la fréquence des rapports sexuels.
- Le champ sensoriel cortical génital féminin a une capacité de plasticité structurelle en fonction de son utilisation.
Où se situe l’orgasme féminin dans le cerveau ? On pourrait penser que la réponse à cette question est déjà connue. Ce n’est pas le cas. Pendant de nombreuses années, l’emplacement précis de la représentation génitale de la femme humaine a été controversé. Une meilleure compréhension de cet emplacement permettra aux scientifiques de déterminer si un comportement sexuel répété induit des changements dans sa structure ou sa connectivité.
Les premières études réalisées dans les années 1950 plaçaient le cortex sensoriel génital sous la zone du pied. Des études ultérieures l’ont placé à côté des zones corticales de la hanche et du genou. Ces deux conclusions se sont révélées erronées. Le mode de stimulation utilisé dans les premières études a contribué à l’hétérogénéité des résultats concernant la localisation du champ génital chez la femme. L’un des problèmes est que la stimulation électrique utilisée dans ces premières études n’est pas équivalente à la stimulation sensorielle manuelle. En outre, la stimulation délivrée par le sujet lui-même ou par le partenaire impliquait de toucher des zones adjacentes aux organes génitaux, ce qui a pu perturber la représentation neurologique.
Une étude récente publiée dans le Journal of Neuroscience a cartographié le champ génital féminin chez 20 femmes adultes à l’aide de l’IRMf en réponse à une stimulation sensorielle du clitoris, par rapport à une stimulation sensorielle d’une région de contrôle, en l’occurrence la main droite. En outre, cette étude a examiné la capacité de changement structurel suite à l’activation répétée de cette région du cerveau par une stimulation clitoridienne physiologiquement pertinente. Étant donné que le cerveau humain possède une capacité substantielle de plasticité en fonction de l’expérience, cette étude a également cherché à déterminer si le champ de l’aire corticale sensorielle génitale humaine était capable de s’adapter structurellement en fonction du comportement sexuel.
L’étude actuelle a permis de cartographier les zones sensorielles corticales génitales individuelles les plus activées par hémisphère pour chaque femme et de mesurer les changements d’épaisseur. L’étude a permis de découvrir que l’épaisseur des aires sensorielles corticales génitales cartographiées individuellement varie en fonction de la fréquence des rapports sexuels au cours des 12 derniers mois. Plus précisément, la zone d’intérêt a été identifiée dans le gyrus postcentral dorsolatéral dans les zones pariétales antérieures de Brodman BA3a, BA3b, BA1 et BA2. (Si vous souhaitez en savoir plus sur les fonctions de cette région, veuillez consulter les références ci-dessous). Plus important encore, la localisation individuelle des activations neuronales maximales en réponse à la stimulation clitoridienne variait considérablement d’une femme à l’autre, mais la région d’intérêt ne changeait pas.
De manière inattendue, l’épaisseur des zones corticales sensorielles génitales gauches, mais pas droites, des régions cérébrales cartographiées individuellement pour chaque femme, variait en fonction de la fréquence des rapports sexuels. La découverte que les changements ne se produisent que dans l’hémisphère gauche est surprenante, étant donné que la représentation neuronale du clitoris est bilatérale. Cependant, la prédominance de l’hémisphère gauche dans la plasticité neuronale a déjà été signalée pour les changements structurels associés à l’apprentissage et à l’entraînement moteur.
En résumé, ces données sont cohérentes avec l’hypothèse selon laquelle le champ sensoriel cortical génital féminin dans l’hémisphère gauche du cerveau est capable de plasticité structurelle en fonction de son utilisation, conformément au principe général de plasticité dépendant de l’expérience (« use-it-or-lose-it »). Les conséquences fonctionnelles de ces changements de structure restent à déterminer.
Références
Knop AJJ et al (2022) Sensory-Tactile Functional Mapping and Use-Associated Structural Variation of the Human Female Genital Representation Field. The Journal of Neuroscience, 9 février, 42(6):1131-1140
Wenk GL (2017) Le cerveau : Ce que tout le monde doit savoir, Oxford University Press.