Conseils psychosociaux pour la gestion des maladies chroniques chez les femmes

Ce billet a été rédigé par Sherry Grace et Robyn Gallagher.

Les maladies chroniques sont courantes chez les femmes et les hommes qui vieillissent, mais les femmes ont une moins bonne qualité de vie. Les femmes sont également plus susceptibles d’être hospitalisées, pendant plus longtemps, et de mourir au moment d’un événement de santé tel qu’une crise cardiaque. Il est clair que les femmes ont besoin d’un soutien accru dans le cadre de programmes de gestion des maladies chroniques, tels que la réadaptation cardiaque. En effet, les femmes qui participent à ces programmes peuvent en retirer des bénéfices plus importants que les hommes. Malgré ces avantages, les femmes accèdent beaucoup moins souvent à ces programmes et, lorsqu’elles y accèdent, elles ne les terminent souvent pas.

Pour remédier à ces problèmes persistants chez les femmes, une organisation faîtière de premier plan, l’International Council of Cardiovascular Prevention and Rehabilitation (à laquelle le Dr Gallagher et moi-même participons), a récemment publié une ligne directrice sur la manière d’adapter ces programmes de gestion des maladies aux femmes afin de mieux les impliquer et d’améliorer leurs résultats en matière de santé. L’une des principales recommandations est d’évaluer et de traiter les problèmes psychosociaux des femmes. Ces lignes directrices ont été approuvées par 24 sociétés cliniques du monde entier, qui travaillent ensemble à la mise en œuvre de ces recommandations importantes.

Besoins psychosociaux des femmes atteintes de maladies chroniques

Comme nous l’avons indiqué dans un article précédent, les femmes atteintes de maladies chroniques souffrent davantage de dépression et d’anxiété que les hommes. Les expériences négatives vécues plus fréquemment par les femmes durant leur enfance et la violence exercée par leur partenaire intime contribuent à de moins bons résultats en matière de maladies chroniques. Les femmes ont souvent un statut socio-économique inférieur à celui des hommes en raison du sexisme qui règne dans la société, ce qui rend plus difficile pour elles l’adoption d’un mode de vie sain et l’accès aux soins de santé.

Séance de réadaptation cardiaque réservée aux femmes

Source : Sherry Grace

En outre, l’obtention d’un soutien peut être plus complexe et plus difficile pour les femmes. Par exemple, elles peuvent être confrontées à des tensions conjugales dues à des relations inégales ou à un isolement social dû au veuvage (par exemple, les femmes hétérosexuelles épousent souvent des hommes plus âgés). Ces problèmes exposent les femmes à un risque accru de souffrir d’un plus grand nombre de problèmes de santé, ce qui, en fin de compte, réduit leur qualité de vie.

Les femmes ont des rôles multiples et sont souvent des aidants naturels pour les membres de leur famille. Elles font souvent passer ces soins avant la prise en charge de leur maladie, y compris la participation à des programmes de réadaptation. Par exemple, une patiente m’a dit qu’elle ne pouvait pas participer à notre programme de réadaptation à l’heure proposée parce que c’était l’heure à laquelle elle préparait le déjeuner de son mari et emmenait ses petits-enfants à l’école. C’est regrettable, car en ne participant pas au programme, elle risque de ne pas être là aussi longtemps pour prodiguer ces soins à ses proches.

La réadaptation cardiaque avec une composante psychosociale importante est essentielle pour les femmes

Les programmes de gestion des maladies chroniques tels que la réadaptation cardiaque offrent aux patients un guichet unique pour les aider à faire face à la situation et à apporter les changements nécessaires à leur mode de vie pour retrouver une qualité de vie. En moyenne, les patients participent à des séances d’une heure trois fois par semaine pendant trois mois. Ils reçoivent une formation sur leur maladie, leur régime alimentaire et les médicaments qu’ils doivent prendre, ainsi qu’un programme d’exercices structuré.

Pour les femmes, ces programmes ont une composante psychosociale. Des recherches récentes montrent que les programmes de réadaptation à forte composante psychosociale permettent de réduire le nombre de décès et d’améliorer la qualité de vie des femmes. Idéalement, ces programmes devraient être mis en œuvre par des professionnels de la santé réglementés, formés à la psychologie et à la santé des femmes, afin d’être efficaces.

Jusqu’à présent, il n’existait pas de lignes directrices sur la manière d’adapter ces programmes de gestion des maladies chroniques pour répondre aux besoins uniques et plus prépondérants des femmes. Les lignes directrices récemment publiées, auxquelles nous avons participé, précisent que tous les aspects de la santé psychosociale d’une femme doivent être évalués (voir les facteurs ci-dessus) et que les problèmes identifiés doivent être traités à l’aide de traitements fondés sur des données probantes.

Le traitement de la dépression est abordé dans un autre article, et le traitement de l’anxiété implique également une psychothérapie et/ou des médicaments; l’exercice joue un rôle de soutien important. Il a été démontré que la participation à la réadaptation cardiaque elle-même augmente le soutien social. Les femmes bénéficient du soutien de l’équipe interprofessionnelle, ainsi que de l’interaction avec d’autres patientes qui vivent des expériences similaires. Par exemple, de nombreuses femmes vont prendre un café ensemble après leurs séances et continuent à faire de l’exercice ensemble après avoir terminé leur programme.

Dernières réflexions

Malheureusement, il n’existe pas beaucoup de programmes de lutte contre les maladies chroniques adaptés aux femmes. Espérons que cela changera lorsque les décideurs politiques mettront en œuvre ces nouvelles recommandations. En attendant, si vous souffrez d’une maladie chronique, n’oubliez pas de demander à votre prestataire de soins primaires de vous orienter vers un programme de gestion des maladies. Une fois sur place, assurez-vous que votre bien-être psychosocial fait l’objet d’une évaluation complète et posez des questions sur la composante psychologique du programme. Votre cœur et votre esprit vous remercieront.

Robyn Gallagher est professeur de sciences infirmières à l’université de Sydney et présidente du Conseil international de prévention et de réadaptation cardiovasculaires .